Tableau des scores et coups de sifflet : la scène est prête pour un match… qui n’aura jamais lieu comme on l’attend. Revendiquant l’héritage des carnavals de son enfance au Cap-Vert, Marlene Monteiro Freitas, artiste invitée du Festival d’Avignon en 2025, préfère dérégler l’ordre des choses. Canine Jaunâtre 3 devient un jeu de lego absurde et étrangement hilarant, où les vingt-cinq coéquipiers-danseurs-danseuses, tous et toutes munis d’un identique dossard n° 3, corps automates et gueules de dessins animés, sont soumis à des règles et des principes contradictoires. Faire, défaire, avancer, reculer : ces virtuoses magnifiques sans buts apparents, interchangeables et pourtant parfaitement identifiables, entraînent progressivement l’espèce humaine vers un territoire incertain, où les frontières se brouillent entre l’humain, l’animal et la machine.
Le tout sur une bande-son des plus grands tubes de notre époque, de Nina Simone à Amy Winehouse. Un entraînement utile pour apprendre à remettre en cause nos trop confortables habitudes de perception. Et surtout un défi fou que de suivre la chorégraphe virtuose, dont s’empare le Ballet de l’Opéra de Lyon qui y mobilise ici toutes ses ressources.