Derrière l’expression “musiques des Balkans” se cache une réalité complexe, culturelle et politique, qui rappelle la trace laissée par l’Empire ottoman en Europe de l’Est et les apports mutuels entre cet empire et chaque tradition régionale. Au carrefour entre la Turquie et le reste des Balkans, la Grèce a une place particulière dans ce continent musical et le rébétiko, genre musical grec emblématique, est de par son histoire un révélateur pertinent des tensions identitaires et esthétiques propres à toutes les musiques dites des “Balkans”. Fruit d’une rencontre hybride entre la musique savante ottomane et la chanson populaire grecque des bas-fonds, il met en question la séparation entre musiques dites “populaires” et “savantes” et ouvre une rencontre Orient-Occident en croisant les traditions de la musique modale orientale et de l’harmonie tonale occidentale.
Ethnologue et musicien, Didier Laurencin rassemble autour de lui deux “maestros” avec qui il s’est formé, tous deux musiciens prestigieux et enseignants reconnus de ces traditions : David Brossier et Evgenios Voulgaris. D’origine grecque et vivant en France, la chanteuse Clémence Gabrielidis partagera quant à elle ce que représente la défense de ce style singulier dans un contexte culturel étranger. Tous ces intervenants souhaitent mettre en avant la modernité des musiques dites “traditionnelles” en soulignant la richesse et le caractère vivant et contemporain des musiques modales.