Un vent chaud et frondeur souffle sur cette soirée Black Atlantic Club initiée et ambiancée par le DJ James Stewart. Originaires de Vera Cruz, les chanteuses et instrumentistes de La Surada, ici rejointes par la Française Charlotte Espieussas (accordéon, chant, percussions), sont au Mexique parmi les premières à s’illustrer dans une tradition, le son jarocho, dont les rythmes ternaires et les chants tressés de cordes portent un triple legs européen, africain et indigène. Bousculant les codes d’un genre longtemps interdit aux femmes, leur répertoire est une arme poétique et politique, où s’harmonisent le monde sensible, les récits d’amour et de désamour, le syncrétisme spirituel de la brujeria et le verbe haut des luttes féministes… On retrouve Charlotte Espieussas, voyageuse-amoureuse des musiques à danser et créolisées, au sein de MAAAR : une triade décoiffante qu’elle forme avec la Bretonne Elsa Corre, dont la voix claire et l’esprit nomade se sont notamment trouvé une résonance dans le chant galicien, et de la Vénézuélienne Rebecca Roger Cruz, dont le ramage s’étend des musiques traditionnelles jusqu’au baroque ou au chant lyrique. Détournant les canons du trio féminin et des formations polyphoniques, leurs timbres très marqués s’ajustent sur le fil pour tisser en plusieurs langues, sur plusieurs rythmes, une matière nourrie des terroirs et parcours de chacune. Entre expressions d’un courage quotidien, invocations aux puissances naturelles, appels à la danse et à la fête comme à la révolte, la mise en commun de ces richesses est vivifiée par un feu roulant de voix et de percussions.