Griffure, c’est à la base un duo, formé par la violoniste Amaryllis Billet et la violoncelliste Léonore Grollemund, sœurs d’explorations au-delà des genres et expertes en vocalises et chants vagabonds. Et Paratonnerre, c’est la version augmentée, plus ouverte et ludique encore, de leur terrain de jeu commun. Ou plus exactement : une manière de remettre en jeu tous leurs acquis, encore et encore. Car avec le renfort de trois cordes supplémentaires, de textures électroniques et de polyphonies vocales, cet ensemble hybride et 100 % féminin sublime tout : il élargit et amplifie le spectre sonore, met les voix en orbite, intensifie et canalise les coups de foudre qui relient Griffure à la chanson française libre (celle du duo Fontaine-Areski ou d’Albert Marcœur) comme aux musiques populaires sans filtre, aux ivresses de l’improvisation et de l’expérimentation collectives comme à l’indocilité première du rock. Le tout donne un spectacle résolument inclassable, subtilement intenable, qui ne s’achève pas par hasard par l’une des plus belles odes à la liberté qu’on aura le bonheur d’entendre.