Étrange univers que celui des songes... Leur nature même est curieuse ; celle d'une existence autre, parallèle à la vie éveillée, où tout ou presque est possible, mais où l'on ne contrôle rien ou si peu.
Ils sont tantôt le repos serein apporté par une berceuse maternelle chez Johannes Brahms, l'évasion romantique de jeunes, amants sans le savoir, chez Clara Schumann, ou douleur ancienne à nouveau invoquée chez son mari Robert.
Ils sont source de confusion, de tristesse, de mélancolie ou d'abandon imaginés, mais leurs conséquences sont bien réelles sur nos protagonistes. Leurs univers sont nourris par eux, au moins autant qu'ils les nourrissent, faisant parfois perdre la notion du réel, du véritable, du tangible, et invitant à s'abandonner à la contemplation presque éveillée d'un jour naissant, d'une forêt en éveil ou d'un cœur qui s'endort.
Autour des Zwei Gesänge Op. 91 se répondent en écho deux cycles du couple Schumann avec les Sechs Lieder Op. 13 et le célèbre Liederkreis Op. 24, et l'on ne saurait exactement, à travers ce concert, dans cette musique et ces poèmes, distinguer le rêve de la réalité.