Les atlas de géographie l’assènent haut et fort : non, le Nigeria n’a pas de frontière physique avec le Japon. Mais par la force de leur passion pour l’afro-funk et d’une imagination galopante, les dix musiciens tokyoïtes de Ajate ont su créer un lien spirituel entre les divinités orishas d’Afrique de l’Ouest et le Ohayashi – une musique de festival japonaise dont la tradition remonte au XVIIe siècle. L’originalité de ce collectif 100% amateur (tous ses membres exercent des professions en dehors de la musique) ne s’arrête pas là, puisqu’au-delà de percussions traditionnelles, il utilise aussi un riche arsenal d’instruments en bambou faits main. Sur le plan visuel autant que sonore, les concerts d’Ajate ne s’apparentent donc pas à des rituels ésotériques, mais bien à des charivaris joyeux où les non-initiés dansent sans se soucier de savoir si Lagos est un quartier de Tokyo – ou vice-versa.