“Derya Yıldırım, comment définiriez-vous votre musique ?” À cette pénible question, la chanteuse et musicienne turque a une réponse imparable : elle qualifie son art d’“outernational” – ce qu’on pourrait traduire par “au-delà des frontières”. Ce n’est pas seulement une juste description de son Grup Şimşek, dans lequel officient une Sud-Africaine et deux Français. C’est aussi un vif condensé de l’esprit qui court dans ses compositions comme dans ses reprises de traditionnels anatoliens : une façon de militer pour la libre respiration et circulation des musiques populaires, aussi ancrées soient-elles. Loin des clichés de la “world music” et des discours paresseux sur “les traditions qu’il faut dépoussiérer”, sa manière d’entrelacer héritages ancestraux et sonorités psychédéliques, le mouvement naturel qu’elle imprime à des standards comme Nem Kaldi ou Hop Bico, rappellent que l’âme des peuples, la flamme de leurs chants et de leurs mélodies, est d’abord une danse ; une danse qui, avec des personnalités de sa trempe, n’en finit jamais de se régénérer.