Voici près de quinze années qu’Anne Paceo a largué les amarres. Depuis qu’elle a pris le large en 2008 avec son album Triphase, la batteuse, compositrice et interprète navigue à distance des académismes sclérosants comme des expérimentations artificielles. De disques en concerts, de collaborations fructueuses en fulgurances solitaires, elle a dessiné sa propre tradition planétaire, superposant des paysages qui témoignent de ses pérégrinations et de son goût des rencontres comme de la richesse de ses voyages intérieurs.
Avec Atlantis, collection de chansons qu’impriment notamment le timbre de Laura Cahen, présente pour cette escale lyonnaise, mais aussi les échos envoûtants de sa propre voix, voici Anne Paceo en créatrice souveraine d’une île musicale “protégée des vents, des marées et de la colère du monde”… mais pas exempte de sublimes turbulences et de saisissants remous, comme on peut en entendre chez Joni Mitchell, Björk, Patrick Watson ou James Blake. Mais même si elle semble baignée par ces présences éclaireuses, cette patrie indépendante, détachée de tout, dessine bel et bien un monde en soi, un monde à soi, traversé par une verve inventive et un souffle vital dont Anne Paceo est la seule à connaître l’alchimie secrète.