Depuis l’introduction de la guitare électrique, apportée de Libye et d’Algérie dans les années 70, la musique des Touareg s’est éloignée de ses origines pastorales – le tendé – pour imposer un son urbain où l’instrument prend souvent la place des voix. Fatou Seidi Ghali, qui a appris la guitare seule en l’empruntant à son frère, a clairement été imprégnée par cette nouvelle vague – de Tinariwen à Bombino ou Mdou Moctar. Mais avec son groupe Les Filles de Illighadad, elle retourne également aux racines du tendé, sa tradition de chant féminin collectif, son doux battement tellurique, sa pulsation d’une intense délicatesse. Et c’est ainsi, en remplaçant la batterie par les percussions ou en recourant aux harmonies vocales de leurs grands-mères, que Les Filles, en live, prolongent d’étourdissante manière le sens de l’expérimentation propre à la scène touarègue.