• 2013/2014
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Peter Grimes

Benjamin Britten

    En quelques mots

    Nouvelle production / En anglais

    Présentation

    Opéra en deux actes avec prologue, 1945
    Livret de Montagu Slater d’après George Crabbe
    Enregistré par France Musique

    L'HISTOIRE
    Le Borough : dans ce village de la côte, Peter Grimes dérange. Petit patron de pêche, Grimes est un rude caractère, un taiseux, qui ne trouve – ni ne veut trouver – sa place dans le vivre-ensemble des braves gens. La mort en mer de son apprenti – même reconnue accidentelle par l’enquête – donne l’occasion au village de couver encore sa méfiance, ou sa haine, comme on couverait de la braise. Seuls Ellen Orford, l’institutrice, liée à lui par une sorte d’amour, et Balstrode, capitaine au long cours en retraite, savent voir plus loin en lui, et, peut-être, déchiffrer sa vérité. Un second apprenti a remplacé le premier, et Grimes le traite durement. Lui aussi meurt accidentellement en tombant de la falaise. Ce sera le signal de la chasse à l’homme et de l’hallali. Objet d’une traque citoyenne, Peter Grimes n’a d’autre issue que la mer. « Ô mort, vieux capitaine, il est temps levons l’ancre... ». Peter Grimes se fait couler avec son bateau. Le village observe, indifférent, soulagé, le petit point qui sombre au large du Borough.

    Premier opéra du cycle Britten, Peter Grimes est mis en scène par Yoshi Oida, qui s’est déjà illustré avec brio dans un autre opéra de Britten joué à l’Opéra de Lyon en 2009 : Mort à Venise.
    1945, fin de la seconde guerre mondiale, la salle mythique du Sadler’s Wells à Londres rouvre ses portes et crée, pour l’occasion, Peter Grimes de Benjamin Britten, grand opéra de circonstance. Le compositeur, marqué par son exil aux États-Unis, amoureux de sa région natale du Suffolk, imagine mettre en scène le héros d’un long poème de George Crabbe : Peter Grimes, pêcheur fou et brutal d’un petit village anglais, luttant contre vents et marées, au propre et au figuré. Sujet sans faille a priori, grand opéra traditionnel à première vue, rien ne laissait imaginer pour les programmateurs le trouble dans lequel cette oeuvre allait plonger son public. Peter Grimes devait marquer le renouveau – et pour certains la naissance – du grand opéra anglais. L’objectif fut parfaitement atteint. Le livret ancrait profondément le drame dans un sujet autochtone. L’effectif déployé correspondait aux attentes des spectateurs de l’époque, avec un large orchestre, de grands choeurs, un couple central ténorsoprano. Le réalisme de la scénographie de la création marqua pour longtemps les mises en scène de l’oeuvre. Le succès ne pouvait être qu’au rendez vous mais, plus profondément, l’opéra instilla le questionnement et le trouble, garants de la pérennité et de l’adaptabilité de l’oeuvre à travers les pays et les époques. Ce que le public ne savait pas, c’est la difficulté interne que rencontra Britten pour monter cet opéra : rébellion de la Compagnie de Sadler’s Wells face à la difficulté de la partition, à son modernisme, jalousies internes... Mais peut-être aussi malaise face à une oeuvre si dérangeante. Qui est Peter Grimes ? Marginal, meurtrier, fou, poète ? Un homme qui fait disparaître ses apprentis, travaille le dimanche au lieu d’aller à la messe, rêve de pêcher les étoiles et mettre le monde à l’envers. Le groupe saura se débarrasser d’un tel individu. Et s’il était, même, un homosexuel ? Ces vérités taboues, subtilement traitées pour échapper à la censure de l’époque, sont celles-là même qui permirent à l’oeuvre de traverser le siècle. Aujourd’hui encore, Peter Grimes est un sujet brûlant.

    ©Jean-Pierre Maurin

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