C’est par Vincent Segal que le nom du guitariste sud-africain Derek Gripper nous est parvenu pour la première fois. C’était en 2018, et le violoncelliste tout-terrain ne tarissait pas d’éloges sur cet alter-ego surdoué, virtuose au toucher poétique, capable de se glisser dans tous les contextes sans jamais perdre de sa justesse d’expression. De formation classique, maîtrisant jusqu’au bout des ongles son Bach ou son Villa-Lobos, Gripper est entré en dissidence le jour où, découvrant le répertoire pour kora de Toumani Diabaté, il s’est mis en tête de le transcrire pour son instrument – le résultat, soufflant de musicalité, ne manquera pas d’épater le maître malien. Mais le génie de cet héritier des guitaristes sans frontières Davey Graham ou Sandy Bull ne s’arrête pas là : ses concerts sont comme des master classes de traduction éclairants, percutants et pleins d’esprit, dans lequel il déroule un fil d’or entre Arvo Pärt et la musique indienne, le Mali et le Brésil, Bach et ses propres compos… Après le Brésilien Yamandu Costa, voilà à l’Amphi un autre danseur de cordes à ne rater sous aucun prétexte.