• 2013/2014
  • Danse
  • Danse

Limb's Theorem

William Forsythe

    Présentation

    En résonance avec la [Biennale d'art contemporain de Lyon ](http://www.biennaledelyon.com/)

    Surnommé « le plus européen des américains » – vivant en Allemagne depuis 1973 – William Forsythe s’est imposé dès les années 80 en bousculant le concept de « ballet » qu’il voudrait débarrasser des conventions et des habitudes : il s’attaque à sa structure même et à sa mise en espace.

    Travaillant à partir du matériau de base de la danse classique (" le vocabulaire n'est pas, ne sera jamais vieux. C'est l'écriture qui peut dater. ") et repartant des avancées de George Balanchine (vitesse d'exécution, exagération des extensions, pieds flexes, poignets cassés) comme des audaces de Merce Cunningham (la danse ne " raconte " rien qu'elle-même et n'illustre pas non plus la musique), Forsythe pousse tout à l'extrême. Ni récit, ni fil conducteur, plutôt une architecture que l'on construit et déconstruit ; pas de décor mais des rideaux qui, parfois, tombent de façon inattendue, "cassant" le déroulement linéaire du spectacle, ou bien ce sont des éléments scénographiques (panneaux, perches mobiles, tables, chaises) qui fractionnent la vision ; il y faut ajouter l'alternance de lumières crues qui surexposent la danse et de la presque obscurité qui la fait s'évanouir.

    La chorégraphie se déploie en " thèmes" et "variations " : Forsythe déplace ses phrases, les décline en diverses séquences, reprises, transformées, inversées, engendrant d'autres possibilités. Les ensembles éclatent en morceaux et s'éparpillent pour éventuellement se reformer plus loin, mais de façon différente. Les pas de deux sont comme des noeuds que l'on fait et défait. Le danseur qui s'investit avec une constante énergie est entraîné dans une spirale vertigineuse, sans cesse au bord du déséquilibre, exacerbant le mouvement en désaxant son corps.

    Pour ceux qui découvrent le chorégraphe et son univers, Limb's Theorem (créé par le Frankfurt Ballett en 1990, et entré au répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon en 2005) offre une sorte de synthèse de la "révolution" accomplie par Forsythe.

    Sur pointes acérées ou en chaussettes, les danseurs surgissent de la nuit, tels des âmes errantes, pour affronter en trois "rounds" un monde d'obstacles menaçants qui, parfois, les dérobent à nos yeux. Apparitions/disparitions, accélérations fulgurantes et répits trompeurs, silhouettes déformées par leurs ombres, sons obsédants et explosifs. Tout concourt à faire douter le spectateur de ce qu'il croyait percevoir.

    Et si pour juger de la " bonne santé " d'une grande compagnie classique, il faut la voir dans Le Lac des cygnes ou La Belle au bois dormant, disait Rudolf Noureev, assurément c'est dans un programme Forsythe que l'on peut mesurer l'excellence du Ballet de l'Opéra de Lyon.

    logosoutenir.svg

    Soutenir l'Opéra

    Engagez-vous et contribuez à la concrétisation de ses missions et de ses projets