• 2012/2013
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Résidence Michel Godard

    Présentation

    Musiciens de jazz et « baroqueux » ont beaucoup en commun, leur rencontre est souvent troublante autant qu’indispensable. Un jazzman aujourd’hui serait-il ego d’un musicien des XVI ou XVIIe siècles ?

    En France, on n'aime guère la transversalité, pas plus d'ailleurs que la "transfrontièralité"... On comprendra donc que Michel Godard fasse un peu figure d’être à part dans le paysage jazzistique français. Non content de jouer du tuba, du serpent et plus récemment de la basse électrique, I'individu joue avec des musiciens venus d'autres horizons géographiques et / ou musicaux, et enregistre sur des labels étrangers et / ou pas de jazz. « Mais enfin, quand cesserez-vous de faire ainsi le malin et systématiquement d’être à part ? », est-on tenté de dire. «D'être à part entière !» pourrait répondre l'intéressé, car il ne fait rien qu'être lui-même c'est-à-dire fichtrement multiple et bigrement pluriel. Ses trois instruments graves se sont ainsi ajoutés l'un à l'autre tout naturellement au fil des ans et au fur et à mesure de ses fréquentations hors jazz et hors hexagone qui l'amenèrent à ouvrir son horizon, à faire entrer de l'air entre les hémisphères de son cerveau et entre les fibres de son être.

    Le Miroir du temps - Création

    On trouve de multiples et troublantes similitudes entre le langage musical de la renaissance et celui du jazz d'aujourd'hui. La liberté mélodique, le rapport entre écriture et improvisation, la polyvalence instrumentale, le phrasé au service du rythme, l'utilisation de "standards" harmoniques connus de tous... autant de points commun nous faisant penser qu'un jazzman est l'alter ego d'un musicien du XVIe ou XVIIe siècle. Deux musiciens "baroque", deux jazzmen, des instruments anciens, d'autres résolument modernes, "le miroir du temps" va démontrer toutes ces similarités, retrouver ce langage commun, on ne saura plus ou est l'ancien, qui est le moderne. Michel Godard apporte ses compositions laissant large place à l'improvisation : "Le sonnet oublié", "in splendoribus, le miroir du temps", "le Zèbre bleu", "Rêve de poisson",…. Les musiques anciennes sont interprétées avec liberté et en laissant une très grande place à l'art de la diminution. Falconieri: "la suave melodia", "aria sopra la ciaccona", Diego Ortiz: "Passamezzo antico", Anonimo: "Tres morillas m'enamoran" Quelques standards du jazz "Beautiful love" "Blue Monk" et des improvisations libres interprétées sur les instruments anciens seront comme un pont entre les deux mondes.

    Michel Godard Trio

    Michel Godard réunit autour de lui deux amis très chers avec lesquels il partage de nombreuses expériences musicales à travers l'Europe. -Gavino Murgia, chanteur et saxophoniste Sarde (Monteverdi "A trace of grace", le concert des parfums" "Rabih Abou Khalil group", Gavino Murgia "Megalittico quartet" duo "Deap"….). Gavino a développé un jeu vocal d'une grande originalité à partir de la tradition des "Tenores" de sa terre natale, la Sardaigne. Son chant devient ligne de basse, sa voix au timbre inimitable, atteint des profondeurs inaccessibles au commun des chanteurs. Son jeu de saxophone, ancré dans la tradition du jazz. "Européen", est puissant, lyrique et dynamique (cf "jazzthetik) - Patrice Heral, batteur, percussionniste, chanteur, chahuteur de sons "live" ( trio "Ivresses" avec Franck Tortiller, "le concert des parfums", Christof Lauer trio, Herbert Joos quintet, Kudsi Erguner…). Patrice est certainement l'un des batteurs Français les plus présent sur les scènes internationales. On le retrouve souvent avec Michel dans divers projets de musiciens européens. Ils ont développé ensemble un type de section rythmique hors du commun. Le trio nous propose des compositions originales, partagées entre les trois musiciens. Leur jazz est sans frontière (comme il se doit) faisant la part belle à la mélodie, au groove, à l'improvisation, et à une douce folie.

    Monteverdi "A Trace of Grace"

    Pour Michel Godard, ce projet est la réalisation d’un rêve d’adolescent. Pour lui, Monteverdi représente une véritable passion, et ce depuis son enfance : « Un musicien a souvent des rêves de musiques, oubliées au réveil, c’est agaçant, évidemment (rire). Ici, il s'agit d'une musique rêvée qui se concrétise. » Il se souvient toujours de comment, quand il était jeune, il a été profondément touché par la scène finale du « Couronnement de Poppée » de Monteverdi dans la première production de Nikolaus Harnoncourt : « Monteverdi a toujours été très important dans ma vie de musicien, il a été l’un de mes premiers chocs musicaux, le moteur de ma passion pour la musique ancienne, sa musique n’a cessée de m'accompagner. » Michel raconte comment il a rencontré les musiciens, car faire sonner côte à côte et dans un même élan des compositions de Monteverdi, des improvisations « jazz » et des compositions contemporaines, cela demande une équipe choisie : « Le choix des musiciens est fondamental dans ce type de projet, il ne s'agit pas uniquement d'interpréter mais surtout d'apporter son propre imaginaire ». C’est au grand jazzman Steve Swallow que Michel s’adresse pour lui demander de composer avec lui. Steve accepte avec enthousiasme, et ainsi nous trouvons deux compositions de sa plume : Les effets de manches et Doppo il tormento. Michel en dit ceci : « Steve a écrit un morceau à partir de Si dolce è il tormento en réutilisant le système harmonique de Monteverdi, qui est d'ailleurs... très, très beau, Steve l'a réharmonisé magnifiquement. Puis, je lui ai demandé un duo pour serpent et basse. Le langage de Steve est très harmonique, le mien plus modal, Monteverdi est à la charnière entre modalité et harmonie ». Puis, pour Michel il était tout à fait naturel de s’adresser à Guillemette Laurens, l’une des grandes interprètes de Monteverdi. Ainsi raconte-t-il, c’est la voix de Guillemette qu’il entend quand il pense aux chants de Monteverdi : « Guillemette connaît vraiment Monteverdi par cœur, ses enregistrements sont des plus beaux. C'est un bonheur de travailler ensemble » . Michel demande à Bruno de joindre le groupe. Bruno et Michel me racontent qu’ils se sont rencontrés dans des concerts de musiques improvisées. « J’ai de suite compris que Bruno est un improvisateur génial. » Fanny partage avec Michel l'amour des musiques anciennes et contemporaines. Gavino, enfin, est un ami de très longue date. Michel me confie une anecdote qui racontent l’origine du projet et qui met en relief l’importance de l’amitié qui les relie : « Si je fais ce projet de Monteverdi, c’est en grande partie la faute de Gavino ou grâce à lui ! J’aime beaucoup partager ma passion de la musique ancienne avec mes camarades musiciens qui ne la connaissent pas forcément. Je parlais avec Gavino de Monteverdi et d'autres compositeurs, et il me dit: "Mais tu dois faire un projet autour de Monteverdi!" Je lui réponds : "Non, c'est quelqu’un de trop important et je ne veux pas rentrer dans cette mode de faire des hommages à des compositeurs etc." Mais il a beaucoup insisté: "Tu dois absolument faire ça!" Il m’a regardé de son œil noir (rire), et nous y voilà !

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