• 2012/2013
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Monteverdi "A Trace of Grace"

    Présentation

    Pour Michel Godard, ce projet est la réalisation d’un rêve d’adolescent. Pour lui, Monteverdi représente une véritable passion, et ce depuis son enfance : « Un musicien a souvent des rêves de musiques, oubliées au réveil, c’est agaçant, évidemment (rire). Ici, il s'agit d'une musique rêvée qui se concrétise. » Il se souvient toujours de comment, quand il était jeune, il a été profondément touché par la scène finale du « Couronnement de Poppée » de Monteverdi dans la première production de Nikolaus Harnoncourt : « Monteverdi a toujours été très important dans ma vie de musicien, il a été l’un de mes premiers chocs musicaux, le moteur de ma passion pour la musique ancienne, sa musique n’a cessée de m'accompagner. » Michel raconte comment il a rencontré les musiciens, car faire sonner côte à côte et dans un même élan des compositions de Monteverdi, des improvisations « jazz » et des compositions contemporaines, cela demande une équipe choisie : « Le choix des musiciens est fondamental dans ce type de projet, il ne s'agit pas uniquement d'interpréter mais surtout d'apporter son propre imaginaire ». C’est au grand jazzman Steve Swallow que Michel s’adresse pour lui demander de composer avec lui. Steve accepte avec enthousiasme, et ainsi nous trouvons deux compositions de sa plume : Les effets de manches et Doppo il tormento. Michel en dit ceci : « Steve a écrit un morceau à partir de Si dolce è il tormento en réutilisant le système harmonique de Monteverdi, qui est d'ailleurs... très, très beau, Steve l'a réharmonisé magnifiquement. Puis, je lui ai demandé un duo pour serpent et basse. Le langage de Steve est très harmonique, le mien plus modal, Monteverdi est à la charnière entre modalité et harmonie ». Puis, pour Michel il était tout à fait naturel de s’adresser à Guillemette Laurens, l’une des grandes interprètes de Monteverdi. Ainsi raconte-t-il, c’est la voix de Guillemette qu’il entend quand il pense aux chants de Monteverdi : « Guillemette connaît vraiment Monteverdi par cœur, ses enregistrements sont des plus beaux. C'est un bonheur de travailler ensemble » . Michel demande à Bruno de joindre le groupe. Bruno et Michel me racontent qu’ils se sont rencontrés dans des concerts de musiques improvisées. « J’ai de suite compris que Bruno est un improvisateur génial. » Fanny partage avec Michel l'amour des musiques anciennes et contemporaines. Gavino, enfin, est un ami de très longue date. Michel me confie une anecdote qui racontent l’origine du projet et qui met en relief l’importance de l’amitié qui les relie : « Si je fais ce projet de Monteverdi, c’est en grande partie la faute de Gavino ou grâce à lui ! J’aime beaucoup partager ma passion de la musique ancienne avec mes camarades musiciens qui ne la connaissent pas forcément. Je parlais avec Gavino de Monteverdi et d'autres compositeurs, et il me dit: "Mais tu dois faire un projet autour de Monteverdi!" Je lui réponds : "Non, c'est quelqu’un de trop important et je ne veux pas rentrer dans cette mode de faire des hommages à des compositeurs etc." Mais il a beaucoup insisté: "Tu dois absolument faire ça!" Il m’a regardé de son œil noir (rire), et nous y voilà ! Michel s'explique : « Il y a beaucoup de similarités entre un musicien du XVIe, début du XVIIe et un musicien de jazz aujourd’hui ; d'ou l'idée de faire se rencontrer des jazzmen et des musicien du monde de la musique ancienne. Il ne s'agit pas que chacun reste chez soi, que les jazzmen improvisent sur Monteverdi, mais bien de comprendre le langage de chacun, de tisser des liens entre les deux mondes. On ne peut pas rencontrer un musicien du XVIe, bien sur, mais les meilleurs représentants de cette musique s'en approchent. L’une des grandes similitudes vient du rapport à la composition, chaque musicien est compositeur, génial ou pas, ce n'est pas le problème. La préoccupation est d'écrire une musique qui sera jouée demain ou la semaine prochaine, le musicien baroque, comme le jazzman aujourd'hui travaille souvent dans l'urgence, peu de temps pour répéter, d'où le besoin d'un langage commun fort. L'exemple de la création du « Combattimento » montée en quelques heures pour une musique tellement novatrice, l’improvisation étant intégrée à la musique. Tout musicien, à l'époque de Monteverdi était capable de diminuer sur une basse donnée... cela faisait partie du travail de tout les jours » . Puis j’invite Michel à réfléchir à haute voix – tel un exercice de réflexion improvisé - au conflit quasi-éternel entre mots et musiques, entre la voix qui prononce des mots intelligibles et la voix qui prononce des sons comme pur matériau sonore, entre texte et sens et des questions de rhétorique à l’époque de Monteverdi et l’utilisation de la voix dans un morceau de jazz ou dans la musique contemporaine : « L’une des bases de notre travail est de respecter le texte dans les compositions de Monteverdi . Il n’est pas question de faire jouer… par exemple… le saxophone de Gavino pendant que Guillemette chante et par là, perdre le sens du texte. En faisant jouer au violon une seconde partie vocale, nous restons dans une pratique de l'époque. J'ai beaucoup hésité à apporter des textes contemporains pour certaines compositions originales, cela reste une option possible pour le futur..... J'aime beaucoup, et depuis toujours, le rapport à la voix « contemporaine », tritturer, transformer le son des mots me passionne
    Guillemette dans les compositions originales utilise une voix instrumentale… comme Gavino qui cherche en lui-même dans les profondeurs de sons qui sont presque hors portée de toute voix humaine... Monteverdi – A trace of grace - vous donne à entendre la musique naissant de la liberté des musiciens. Il ne me reste qu’à vous souhaiter : très bonne écoute !
    Schirin Nowrousian

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