• 2011/2012
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Iran

Ensemble Yahyazadeh

    Présentation

    Musique du Mazandaran et musique de transe soufie

    La légende dit que c’est au soir des noces de Salomon et de La reine de Saba qu’on joua du daf pour la première fois ! Les sumériens, les araméens puis les arabes l’ont introduit dans beaucoup de traditions musicales. Formé en Iran dans la tradition classique, sa maîtrise technique de l’instrument et ses recherches amènent Ahmad à proposer un répertoire entre tradition et modernité donnant au daf ses véritables accents d’instrument dialogique et méditatif. La tradition mélodique du Mazandaran et ses formes instrumentales liées au travail des champs compléteront le programme.

    Maître Said Yahyazadeh, ney/chant
    Domitille Coppey, kamanché, alto
    Pouya Khoshravesh, kamanché/chant
    Jawad Salchordeh, tonbak /chant
    percussions de Ahmad Yahyazadeh

    Grandeur et solitude du Daf, Ahmad Yahyazadeh, autrement Daf !
    Ahmad Yayazadeh est un jeune musicien iranien talentueux et passionné. Il faut l’avoir vu et entendu jouer sur scène pour comprendre que la musique est pour lui, plus qu’un mode d’expression privilégiée ou une compétence technique performative accomplie et virtuose mais un mode d’être dont la profondeur et la sincérité forcent chez l’auditoire une émotion communicative et thaumaturge.
    Le plus frappant chez Ahmad Yahyazadeh est surtout le bonheur sensible et la joie débordante dont il rayonne lorsqu’il fait parler son instrument principal : le Daf, peau tendue sur un cerceau de bois enrichi d’une chaîne d’anneaux métalliques dont les cliquetis et l’attaque en grêle heurtée contrastent avec le son animal de la peau. Ahmad semble s’être fixé comme objectif de faire revivre cet instrument antique, souvent relégué à la fonction secondant d’accompagnement percussif, et de lui redonner une place de premier plan, le faire connaître à un plus vaste auditoire. Ahmad semble interroger le Daf, en repousser les limites, jusqu’à en tirer une expression musicale et dramaturgique autonome d’une richesse inouïe, lui légitimant la possibilité inédite d’un répertoire soliste extrêmement gratifiant.
    Sans rupture formelle avec son héritage et sa formation puisée dans la tradition classiciste conservatrice et immuable de la musique iranienne dont il s’est nourri, Ahmad Yahyazadeh s’est laborieusement attaché à une recherche approfondie allant jusqu’à concevoir et exercer de légères modifications pratiques du corps même de l’instrument, pour en tirer de nouvelles sonorités et variations. Il en va de même pour l’imagination et la création d’un répertoire plus étendu entretenant l’ouverture sur le paysage ethno musical universel et sur différentes « veines » et techniques interculturelles.
    Ahmad Yahyazadeh représente une génération d’artistes iraniens nés à un moment critique de l’histoire de l’Iran : la changement de régime et l’avènement de l’Etat Khomeyniste de la République Islamique. La nature de ce régime affiche une méfiance systématique à l’égard des artistes en général et jette une suspicion particulière sur les musiciens dont la piété n’est certainement pas la caractéristique obvie. La chance de Ahmad est d’appartenir à une famille d’artistes. C’est sans aucun doute cette imprégnation dans l’entourage immédiat de l’enfance que s‘est épanouie cette vocation, encouragée par la mère de Ahmad, passionnée de poésie et de culture musicale traditionnelle.
    La personnalité de son grand oncle Abul Hassan, un des plus fameux chanteurs de la tradition folklorique du Mazandaran au Nord de l’Iran, a été pour beaucoup dans l’orientation et l’enrichissement culturel du jeune Ahmad. Ce dernier commence effectivement sa formation musicale dès l’âge de six ans à Shahi (ville des rois), sa connaissance et sa pratique musicale s’accomplissent au conservatoire de Téhéran puis à Saari (Nord d’Iran). A 20 ans, poussé par une volonté fiévreuse et un esprit d’entreprise assoiffé et infatigable, il crée la première école de Daf à Shahi en dépit des difficultés et obstacles de tous genres, se sentant déjà la force et la générosité de transmettre et de développer son art musical.
    Expatrié volontaire à Paris où il côtoie biens d’autres compatriotes musiciens iraniens dont son propre frère Javid Yahyazadeh, musicien professionnel accompli et reconnu ; Ahmad libère toute son énergie créatrice et donne sa pleine dimension à son talent. Il crée La Maison du Daf et recrute un grand nombre d’élèves musiciens intéressés par une initiation à la technique du Daf. Il donne également libre cours à sa propre recherche et se produit sur de multiples scènes en France et ailleurs (Festival des musiques du Monde à Istambul, En Tunisie, au Maroc, en Suisse, en Allemagne, en Belgique, à Abu Dhabi, à Dubaï…)
    Sa recherche permanente en matière de compositions spécifiques aux infinies variations et ressources rythmiques du Daf le pousse à se renouveler sans cesse pour découvrir et construire de nouvelles voies qui mettent son instrument en valeur autrement que dans les accompagnements et l’insertion harmonique orchestrale.
    Il parvient ainsi à un niveau de maîtrise qui lui permet de forger un style personnel et original vivement plébiscité par un large public. La singularité et le charme irrésistible de ce style est qu’il s’applique ingénieusement à conjuguer la tradition et l’inventivité, l’ancien répertoire de la transe mystique des soufis et les résonances modernes des goûts européens et transatlantiques, rencontre nuptiale et amoureuse des jubilations musicales de l’Orient et l’Occident.
    Se consacrant entièrement à la pratique de son art musical arrivé à sa pleine maturation, partagé entre la fonction rigoureuse et méthodique de l’enseignement, ses recherches studieuses des compositions personnelles et les impératifs disciplinés de la scène, Ahmad Yahyazadeh à réussi le tour de force de concocter récemment un spectacle complet de 1h30 formé de deux parties : La première illustre les modes significatifs de l’usage du Daf dans la transe mystique des séances de Samaâ et de Dhikr des confréries Soufies ainsi que des autres traditions similaires propres aux usages chamaniques et musico thérapeutiques du Moyen et Extrême Orient.
    La seconde partie est consacrée à des variations composées s’évertuant à démontrer l’harmonie possible et l’heureux métissage entre ce qui est communément admis comme irrémédiable distance entre cultures orientales et occidentales.
    Il est a priori étonnant d’affirmer la possibilité pour le Daf, dont le principe millénaire et habituel est d’accompagner des cordes ou des vents et d’assurer l’armature rythmique et l’architecture percussive pour une combinaison orchestrale, de pouvoir se produire en solo.
    Ahmad Yahyazadeh a relevé courageusement ce défi technique, cassé les limites de cette marginalisation spécialisante et a pleinement réussi à apporter le preuve magistrale de l’autonomie de l’instrument et de ses infinies possibilités expressives.
    Avec Ahmad Yahyazadeh, le Daf est réhabilité et rehaussé à un niveau de dignité et d’étrange beauté. Il recouvre sous ses doigts et par la flamme puissante de son énergie, ses véritables accents d’instrument dialogique et méditatif, ses qualités de sublime et de noblesse.
    Zouzi Chebbi Mohamed Hassen, Philosophe /Montreuil, Avril 2011

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